Décès du Nobel Georges Charpak

Le titre de ses Mémoires le résumait fort bien: Georges Charpak, décédé mercredi à Paris à l’âge 86 ans, était un déraciné, physicien, citoyen du monde. Déraciné, parce que le futur Prix Nobel a débarqué à l’âge de 7 ans en France, fuyant l’antisémitisme de son village de Pologne, aujour d’hui en Ukraine.

Déporté pour Résistance en 1944, il revient de Dachau pour découvrir les joies de la physique des particules et fréquente Frédéric Joliot et Leon Lederman à une époque où les frontières de la science reculent tous les jours.

En 1959, il entre au CERN où il développe la «chambre proportionnelle multifils», qui fait passer la détection des particules de l’ère manuelle à l’ère électronique. Le système révolutionne la physique des particules et vaut au Français le Prix Nobel en 1992.

Un grand curieux

Encore aujourd’hui, la quasi-totalité des expériences de physique des particules utilisent des détecteurs de traces connectés à un amplificateur issus de l’invention de Charpak, explique le CERN. Grand curieux, le physicien s’intéresse aussi à la biologie, et a raconté le plaisir qu’il a eu en livrant un prototype de détecteur pour l’imagerie des rayons bêta aux Hôpitaux universitaires de Genève en 1991.

Surtout, Georges Charpak se voulait citoyen du monde, très engagé contre le nucléaire militaire, et pour la relève scientifique: il s’est beaucoup investi dans le domaine de l’éducation, lançant avec succès en 1995 «La main à la pâte», ce programme très novateur en France qui vise à apprendre aux enfants le plaisir de la science en favorisant l’expérimentation.


Source : letemps.ch